Corse : ou comment trois communes souhaitent valoriser l’agriculture de leur territoire

Trois municipalités Corses s’associent pour intégrer l’agriculture dans un même plan de développement économique et démographique. Elles souhaitent mobiliser et valoriser une surface de près de 7000 ha en permettant notamment « le recensement des candidats à l’agriculture, des propriétaires volontaires pour mettre à disposition des biens, d’identifier les zones d’interventions et d’y appliquer des opérations de regroupement foncier ».

Un article paru le 10 septembre 2018 sur le site du journal quotidien Corse-Matin.

En contrebas des massifs du Tenda et du Monte Astu, la vallée est vaste, recouverte de myrtes, de chênes verts, d’un maquis dense divisé en parcelles par des murets, qui délimitent encore d’anciens potagers et vergers. Un passé agricole que cette étendue presque inanimée « pourrait retrouver », selon le maire d’Urtaca, Paul-Vincent Ferrandi. « Jusqu’à la fin des années 60, avant une série d’incendies, on y cultivait des vignes, des oliviers, des amandiers à proximité de nombreux élevages ovins et caprins… C’est toujours possible. » 

Trois des municipalités qui surplombent l’Ostriconi – Urtaca, Lama et Pietralba – s’allient pour intégrer l’agriculture dans un même plan de développement économique et démographique. Elles élaborent un document d’objectif agricole et sylvicole, Docobas, pour mobiliser et valoriser une superficie totale de 6 975 hectares sur les 9 022 qui composent leur territoire : 6 137ha agro-sylvo-pastoraux, 342ha agricoles cultivables et 496ha de superficie forestière.

« L’idée est d’inventorier les ressources et les potentialités, localiser les zones présentant des enjeux pour le développement d’activités agricoles et forestières, définir les grandes orientations et les périmètres d’interventions », explique Lionel Mortini, le président de l’Odarc (office de développement agricole et rural de la Corse), qui a lancé, il y a environ deux ans, l’appel à projets. « Proximité de la route territoriale la Balanina, possibilités agricoles (maraîchage, agrumes, plantes aromatiques et médicinales…), sollicitations foncières croissantes: le contexte géographique et la conjoncture sont favorables à l’installation de nouveaux acteurs économiques », commente le premier adjoint de Lama, François Massiani.

Le territoire recense plus de 900 habitants dont une cinquantaine d’éleveurs, d’apiculteurs et d’oléiculteurs. Soit moitié moins qu’il y a 60 ans.

« Structurer le foncier »

Le Docobas « permettra notamment le recensement des candidats à l’agriculture, des propriétaires volontaires pour mettre à disposition des biens, d’identifier les zones d’interventions et d’y appliquer, entre autres, des opérations de regroupement foncier », détaille Jean Casta, le maire de Pietralba. Paul-Vincent Ferrandi, lui, assure qu’une mise en conformité des plans d’urbanisme avec le Padduc « pourra préserver et structurer le foncier. » Et augmenter le rendement.

« Le document contribuera indirectement au développement d’autres secteurs comme le tourisme (randonnée) et pour Urtaca, il permettra de fixer les objectifs cités qui répondent aux besoins du territoire et aux orientations du Padduc (plan d’aménagement et de développement durable de la Corse). » La commune de Pietralba dispose d’un plan local d’urbanisme (PLU), celui de Lama est en cours de validation.

« Le bassin de vie, comprenant deux écoles et un tissu économique diversifié (restaurants, gîtes, hôtels, biscuiterie), peut constituer un public intéressant pour les productions locales et permettre le développement des circuits courts », ajoute le maire d’Urtaca, commune qui assure le portage administratif du projet. « Il faut promouvoir l’identité agricole en créant par exemple un pôle rural, mettre en place des jardins partagés, des projets pilotes comme la plantation de trois hectares d’oliviers irrigués par les eaux résiduaires de la station d’épuration d’Urtaca, dossier retenu par l’Agence de l’eau. Il faut développer une économie qui valorise les ressources locales et les paysages en synergie avec le tourisme. » 

La réalisation du Docobas, qui inclut travail de diagnostic et plan d’action, « mettra en perspective et fera évoluer ces pistes d’ici 2019 ». Elle est estimée à près de 26 000 euros.